Dopage : la méthode suisse . . . . .

Publié le par FredLam

   
         
 

Floyd Landis, Justin Gatlin, Marion Jones, les cas de dopage se multiplient et entachent la crédibilité des disciplines sportives concernées. Et en Suisse? Comment se déroulent les contrôles? Qui choisit les athlètes testés? Enquête au Triathlon de Genève.
Pour lutter contre ce fléau, Swiss Olympic Association - l'organisation faîtière des fédérations sportives suisses - effectue un grand nombre de contrôles antidopage, même hors compétition. Elle agit toujours de façon inopinée. Tout se fait à la dernière minute. Ce n'est donc qu'à 9 h hier matin que l'équipe de 24 heures apprend le lieu du rendez-vous et l'épreuve visée.

"Les organisateurs des manifestations ne savent jamais à l'avance si nous allons venir. Ça peut poser quelques problèmes parce que nous leur demandons de nous mettre à disposition des locaux adéquats pour les tests", explique Paul-André Dubosson, l'un des quatre contrôleurs professionnels que compte Swiss Olympics. En tout, une quarantaine de personnes constituent la milice sur appel qui sillonne la Suisse pour tester les sportifs. Hier matin, 3 personnes sont présentes pour effectuer 8 contrôles. Paul-André Dubosson ajoute: "Nous recevons une feuille de la commission technique de lutte contre le dopage, basée à Berne, qui nous indique le nombre de contrôles à effectuer et les positions au classement à convoquer (n.d.l.r.: elles sont tirées au hasard)."

Un chaperon par athlète
Dès que le premier sportif concerné par le test franchit la ligne d'arrivée, l'un des contrôleurs ne le quitte pas des yeux. Après les félicitations d'usage, il se présente, donne quelques explications sur la procédure à suivre et remet une convocation. L'athlète a alors 60 minutes maximum pour se rendre au local. Jusque-là, il sera talonné de prêt par un bénévole. "Si nous n'avons personne pour rester avec les athlètes, ceux-ci ne disposent que d'un quart d'heure pour se rendre au local. C'est pour éviter toute manipulation médicale qui pourrait fausser le résultat du test", précise Marianne Dubosson, contrôleuse en charge des athlètes féminines. Le sportif n'a plus d'intimité jusqu'à ce que le flacon d'urine soit rempli. La tâche des chaperons est délicate: Zahia Rezzouk en est à sa première expérience. Elle ne parle pas anglais, et peine à suivre la jeune athlète canadienne qui détale à peine sa convocation en mains…

Une fois au local, l'attente peut être longue. Déshydratés, les sportifs mettent parfois des heures avant d'uriner. "Ils nous signalent quand ils sont prêts. On recueille la première urine après l'effort, et si elle ne suffit pas, on recommence jusqu'aux 85 ml demandés", précise Marianne Dubosson. Pour cette raison, une salle d'attente permet aux athlètes de se reposer et de boire.

Les bouteilles d'eau sont distribuées à volonté, mais bien fermées. Pas question d'en proposer une débouchonnée, rien ne doit être administré à l'insu du sportif. Après avoir englouti plusieurs litres d'eau, les premiers juniors rentrent dans la salle très privée où le test se déroule. "J'en suis à mon troisième test. Maintenant j'ai l'habitude et ça ne m'impressionne plus", explique Alistair Brownlee, 18 ans, gagnant dans la catégorie junior. Même son de cloche chez les adultes. A deux pas de la ligne d'arrivée - alors qu'elle vient tout juste de recevoir sa convocation - Magali Di Marco Messmer s'exprime: "Je suis pour ce genre de tests. La Suisse est l'un des pays les plus contrôlés au monde, et c'est une bonne chose". Et l'incursion dans sa vie privée lors des contrôles hors compétition? "En tant qu'athlète d'élite, ça fait partie de mon métier. A force, je finis par connaître les contrôleurs, ce sont presque des amis", ironise la championne.

Le contrôle, étape par étape
L'athlète - dont la position a été tirée au sort - est abordé par l'un des contrôleurs de Swiss Olympics. Ce dernier présente sa carte de légitimation et lui remet une convocation au contrôle antidopage. La feuille stipule que le sportif a été choisi pour être soumis au test. Il doit uriner sous surveillance. Accompagné d'un bénévole, l'athlète se rend au local antidopage dans les 60 minutes qui suivent. Idéalement, le lieu doit disposer d'une salle d'attente, d'une toilette et d'une pièce attenante. Le sportif présente une pièce d'identité. Seul, ou accompagné de son coach, il est accueilli dans la pièce par le contrôleur. L'athlète choisit et manipule lui-même le flacon qui sert à recueillir son urine. Il se rend dans les WC uniquement avec le contrôleur. Pantalons et sous-vêtements totalement baissés, le sportif remplit le récipient. De retour dans la pièce attenante, il transvase son contenu dans deux bouteilles numérotées, l'une pour l'analyse du jour et l'autre pour la congélation. Il visse les bouchons portant le même numéro. Une fois scellés, les flacons ne peuvent plus être ouverts. Les couvercles seront découpés au laboratoire. L'athlète dispose lui-même les fioles dans la boîte numérotée choisie. Il signe son procès-verbal en indiquant les éventuels médicaments consommés dans les dernières 48 heures. Il peut partir. Le procès-verbal est composé de 4 copies. Une pour Swiss Olympics, une pour la fédération sportive concernée, une remise comme quittance à l'athlète et une pour le laboratoire. Cette dernière ne comporte par le nom de la personne testée. Seuls les numéros des flacons et des indications sur la compétition y sont reportés.

Publié dans News du jour

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